La période Mutter
L'album Mutter
La production du troisième album commença au début de l'année 2000, même si Rammstein y réfléchissait depuis l'été 99. En mai 2000, le groupe rejoignit Jacob Hellner (encore lui) dans le Sud de la France, à Miraval. Le groupe s'était fixé l'objectif de franchir un cap musical : pour Richard, le Live aus Berlin était un moyen de clore un chapitre. Le groupe voulait faire évoluer sa musique, changer sa prestation scénique, en proposant un show encore plus visuel.
L'album est lui plus symphonique. Il y a beaucoup de claviers et d'instruments à cordes. Le groupe fit même travailler un orchestre symphonique pendant les enregistrements. Au niveau des voix, l'album permit à Till de laisser libre cours à sa puissance vocale, avec chant davantage travaillé. Beaucoup de voix féminines sont aussi présentes en fond.
Le choix du titre, Mutter (Mère), est assez symbolique, et les textes permirent à nos six teutons d'aborder leurs sujets de prédilection (rapport enfants-parents, sexe, etc.). Links 2-3-4 fut écrite pour tordre le cou aux accusations politiques que subissait le groupe.
Une tournée gigantesque
Lorsque la production de Mutter fut enfin achevée, en début de l'année 2001, Rammstein entama une tournée en Océanie, et participa notamment au "Big Day Out" en Australie et en Nouvelle-Zélande. Le groupe se permit même quelques concerts au Japon.
C'est la veille de la fête des mères en Allemagne que sortit Mutter. Le succès ne fut assurément pas des moindres, mais proportionnellement peut-être inférieur à celui que rencontra Sehnsucht quelques années auparavant. Il s'en suit en 2001 puis 2002 une énorme tournée, qui conduisit Rammstein à sillonner l'Europe, le Mexique, la Russie et les États Unis, où ils tournèrent pour la première fois en tête d'affiche. Malgré les nombreuses rumeurs de tournage de certains concerts, aucun concert ne fut filmé pour un DVD, hormis les dates au Velodrom de Berlin, dont deux chansons, Ich will et Links 2-3-4, seront disponibles sur un DVD alors à paraître.
2002 est l'année des récompenses pour Rammstein, qui se vit consacré meilleur groupe selon les Echo Awards et selon les MTV Europe Music Awards, ou Rammstein effectua d'ailleurs une performance live exceptionnelle.
Deux livres liés au groupe furent également publiés à cette période : Un livre de Gert Hof contenant des récits par les membres du groupe et agrémenté de plus de 150 photos, ainsi que "Messer", la bible de Till Lindemann, où sont recensés des dizaines de poèmes comme lui seul en a le secret, écrit tout au long de sa vie.
Rammstein au bord de la rupture
Vint l'année 2003, la moins dense qu'ait connu Rammstein jusqu'ici. Rien n'est à signaler jusqu'en avril, avec la parution d'un remix par Rammstein de la chanson mOBSCENE de Marilyn Manson. Cependant, si le groupe s'accorda une année sabbatique, les fans ne chômèrent pas. De nombreuses rumeurs de split commencèrent à alimenter les discussions sur les forums et sites consacrés à Rammstein. Rapidement, voyant l'ampleur que prenaient les rumeurs, le groupe émit plusieurs démentis dans des interviews ou sur leur site Internet. Pour rassurer les fans, Rammstein sortit même un DVD à la fin de l'année, Lichtspielhaus, regroupant tous ses clips, des making of, des prestations lives, et bien d'autres petites merveilles.
Plutôt que d'essayer d'expliquer ces tensions, laissons s'exprimer les membres du groupe, Christoph d'abord :
Rammstein a commencé comme un vrai groupe, six personnes dans un studio qui répétaient. Mais, dès Sehnsucht, les guitaristes se sont mis à travailler chez eux, dans leur appartement, à l'aide d'ordinateurs. Aussi, lorsque nous découvrions ces morceaux, il n'y avait rien à leur apporter, ils étaient prêts! Les guitaristes faisaient tout le boulot et nous autres n'avions rien à ajouter! De plus, si nous désirions modifier quelque chose à leurs compositions, ils refusaient, tellement ils étaient à fond dedans. Bien évidemment, cette situation a rapidement constitué un problème : Rammstein est composé de six personnes, six personnes qui ont envie de construire un projet musical, pas seulement d'exécuter… Dès lors, il y a eu brise après Mutter. Nous en étions arrivés à un point où il nous était devenu impossible de mentionner le nom "Richard" sans y adjoindre un "connard" ou "enculé" ! Ce qui était étrange, c'est qu'il n'y avait rien de personnel là dedans. Mais dès qu'il s'agissait de musique, Richard était la dernière personne dont nous voulions entendre parler. Il avait besoin d'une bonne leçon ! Chacun a réfléchi et s'est demandé quel serait le futur de Rammstein. Je me suis rendu à New York, où vit Richard, et nous avons parlé. Il était parti sur un projet solo tandis que le reste du groupe était revenu aux racines : nous répétions à cinq, sans Richard, dans un seul et même lieu, tous ensemble. De ce côté là, ça fonctionnait très bien. Et puis, un jour, Richard est venu nous rejoindre, nous avons jammé et ça a marché. Il n'était plus question de savoir qui devait être le plus influent dans le groupe, mais d'aller dans le même sens.
Puis c'est au tour de Richard de nous faire partager sa vision des choses :
Il n'a jamais été question de combat physique! Il s'est avéré que je me suis trop accaparé d'espace dans le groupe, c'est moi qui en étais le directeur artistique. Pourtant, j'avais beau avoir conscience que Rammstein était une démocratie, un groupe avec six membres, je ne parvenais pas à restreindre mon champ d'influence. Il fallait vraiment que je m'éloigne des autres, de moi-même, je devais réfléchir… Ma créativité ne devait pas bouffer celle des autres, j'ai eu la chance de le réaliser. C'est pourquoi j'ai fait un break et suis revenu pour voir comment les choses se passaient sans moi. Il s'agit d'une période cruciale, pour moi comme pour les autres membres du groupe. Rammstein a du potentiel, mais mon attitude était négative. Il n'y a rien de curieux dans ce qui nous est arrivé. Tous les groupes, tous les gens, traversent des périodes de crises et, la plupart du temps, chacun en ressort plus fort. C'est la vie, non ?